Publié le
19
February
2025
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Le no code n'existe pas

Pierre Trouvé
Project Lead & Product Coordinator

Le no code est souvent présenté comme une révolution permettant à n’importe qui de créer un produit sans écrire une ligne de code. Pourtant, derrière cette promesse séduisante se cache une réalité plus nuancée : si ces outils facilitent grandement le développement, ils ne suppriment ni la nécessité d’une expertise technique ni les défis liés à la conception d’un produit robuste et évolutif. Cet article explore pourquoi, dans un projet ambitieux, le no code "pur" n’existe pas vraiment et pourquoi une approche hybride reste souvent incontournable.

Depuis plus de 5 ans, les solutions no code se sont imposées sur le marché, avec une promesse forte : permettre à tout le monde de créer un produit en toute autonomie, sans développeur. Si cette approche a facilité la création de produits avancés mais standardisés (landing page, shop, etc), elle a rapidement montré ses limites dès qu’il s’agissait de personnalisation ou d’algorithmes plus complexes. Pour y répondre, une approche hybride a émergé avec l'avènement des solutions low code, que l’on pourrait définir par “pas de code… mais un petit peu quand même !”. Elles reposent sur une interface visuelle intuitive avec possibilité d’ajouter du code si nécessaire. On évoque souvent un ratio de 70% no code / 30% code pour les qualifier, tandis que le no code pur est censé être totalement exempt de programmation. Mais cette distinction est trompeuse. Elle repose sur une vision réductrice du métier de développeur, souvent perçu comme un simple exécutant alignant des lignes de code. Or, la réalité est toute autre : développer, ce n’est pas seulement écrire du code. C’est structurer, anticiper et concevoir des solutions robustes et évolutives.

Un développeur, ce n’est pas (juste) un codeur

En effet, si on réduit les compétences d’un développeur à sa faculté à écrire en toute lettre un if, une boucle sur un tableau ou un appel à une fonction, alors oui, les outils no code permettent de s’en passer. Les interfaces mises à dispositions sont suffisamment intuitives pour permettre à un non technicien de réaliser des logiques complexes. Mais c’est une vision réductrice. 

Un développeur est avant tout un artisan qui a appris à manipuler une matière première (le code) pour lui donner une forme élégante, répondant à un besoin ou une commande, en prenant en compte mille et unes contraintes qui assureront la réussite de sa création. À l’instar d’un bâtisseur, il n’a pas seulement empilé des briques, il a considéré la structure du bâtiment, pris en compte la nature du terrain, réfléchi à sa durabilité dans le temps, anticipé l’ajout futur de nouvelles pièces, vérifié par des outils la robustesse de sa construction et renforcé ses murs contres les incertitudes de la météo. De même, les compétences d’un développeur s’étendent bien au delà de la simple syntaxe : il prend en compte la structuration de son code, les responsabilités de chaque bloc, la réutilisation et la capitalisation de fragments logiques, la testabilité de ses fonctionnalités ainsi que l’application de design pattern permettant une meilleure reprise de son travail. Le code n’est donc qu’un outil dont il peut choisir de se servir ou non pour formaliser cette expertise. 

No code vs expertise technique : un projet, deux approches

Lorsqu’on se lance dans un projet no code, on peut avoir l’impression que les compétences techniques ne sont pas nécessaires. Après tout, les outils promettent de simplifier le développement à travers des interfaces intuitives et des blocs visuels. Mais cette facilité apparente soulève une question essentielle : est-ce que l’absence de code signifie vraiment l’absence de complexité ?

Pour mieux comprendre, prenons l’exemple d’un projet réalisé avec une solution no code et imaginons deux cas de figure. Le premier construit par un développeur de formation et le second, par une personne issue d’un autre domaine, mais habituée à manipuler des outils numériques comme Figma ou Excel avancé. Au départ, les deux avancent à un rythme similaire. Les interfaces intuitives permettent de construire des workflows, d’automatiser des tâches et d’assembler rapidement un produit fonctionnel. Au bout de quelques temps, le projet doit évoluer : 

- Dans le premier cas, la structuration initiale permet d’intégrer facilement de nouvelles fonctionnalités, de modifier la logique sans tout casser, et d’ajouter des contributeurs sans difficulté.

- Dans le second cas, il devient plus compliqué de comprendre où sont implémentées certaines règles métiers, d’ajuster des comportements sans impacter le reste, et d’expliquer clairement le fonctionnement aux nouveaux arrivants.

Pourquoi cette différence ? Parce que structurer un projet ne se résume pas à assembler des blocs visuels. La manière dont les logiques sont organisées et anticipées fait toute la différence sur la maintenabilité et l’évolutivité du produit.

Le no code ne remplace pas l’expertise, il la transforme

En ce sens, nous considérons que pour un projet ambitieux, le no code n’existe pas. Du moins, pas au sens strict du terme. Si vous projetez de construire un produit qui évoluera avec le temps et pourra s’adapter aux opportunités et aux besoins futurs, alors la présence d’un technicien est nécessaire. Les outils no code ne sont finalement qu’une autre manière d’écrire des logiques que l’on codait auparavant. 

Cela ne signifie pas que nous rejetons les solutions no code, bien au contraire ! Dans certains cas, elles s’avèrent être la meilleure alternative au développement full code, en réduisant considérablement le temps et les efforts nécessaires pour concrétiser une idée. Elles offrent d’excellentes opportunités pour réduire la pénibilité de certaines tâches, permettre à des non-techs de contribuer activement à la création de produits, et offrir un confort de développement pouvant apporter autant de satisfaction que de vélocité. 

Le meilleur moyen de comprendre leur potentiel ? Testez par vous-même. Que vous soyez techniciens ou non, lancez-vous sur une solution no code ou low code. Les documentations sont accessibles et l’expérimentation reste la meilleure façon de maîtriser ces outils. De notre côté, fort de 20 ans d’expérience et plus de 200 projets, nous partagerons dans cette série d’articles nos bonnes pratiques, pièges à éviter et conseils stratégiques pour vous aider à construire des projets solides et évolutifs.

Rendez-vous dans les prochains articles pour aller plus loin !

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